La visibilité d’une route!

1- La vitesse pratiquée

A côté de la vitesse maximale autorisée, il est nécessaire de connaître la vitesse réellement pratiquée . On utilise la notion de V85: vitesse au dessous de laquelle roulent 85% des usagers.

Quelques valeurs de base en alignement droit et à plat :

Cette vitesse sert notamment aux calculs de:

  • la distance d’arrêt: C’est la distance conventionnelle théorique nécessaire à un véhicule pour s’arrêter compte tenu de sa vitesse, calculée comme la somme de la distance de freinage et de la distance parcourue pendant le temps de perception réaction.
  • la distance d’évitement: C’est la distance nécessaire pour effectuer une manœuvre d’évitement par déport latéral en cas d’obstacle fixe imprévu sur la chaussée. Cette distance peut être utilisée lorsqu’il n’est pas possible d’assurer une distance de visibilité supérieure ou égale à la distance d’arrêt. Pour assurer l’évitement de véhicules, il convient d’assurer un dégagement latéral revêtu de largeur compatible. Elle a pu être estimée à partir de divers travaux et simulations et correspond à la distance parcourue à vitesse constante pendant une durée estimée entre 3,5 (ARP[1]) et 4,5 secondes (Rapport “visibilité” [7]) qui intègre :
    – le temps nécessaire pour effectuer la manœuvre d’évitement proprement dite (entre 2,5 et 3 secondes)
    – le temps de perception réaction ( 1,5 secondes sur autoroute et 1s sur route principale) les valeurs inférieures à celles retenues pour l’arrêt s’expliquent par une réaction plus rapide pour une manœuvre au volant qu’à la pédale).
    Sur la base de ces notions et du niveau de service souhaité, le concepteur devra déterminer si les conditions de visibilité offertes par le tracé sont compatibles avec la réalisation des manœuvres citées ci-dessus et notamment au droit des points singuliers.

2- Exigences en matière de visibilité

L’œil du conducteur est réputé situé à 1 m de haut, à 2 m du bord droit de la chaussée (cf largeur des véhicules légers), à 4 m en retrait du bord de la chaussée de la voie principale pour les carrefours équipés de STOP. Ceci donne des conditions plus défavorables que pour les piétons et les cyclistes en général plus hauts et plus proches de la rive en carrefour.

La visibilité se décline selon les enjeux:

  • Pour voir la route: la visibilité sur virage
    La distance nécessaire peut être estimée à la distance parcourue en 3 secondes à la vitesse V85 (n m/s) et mesurée entre le point d’observation : l’œil du conducteur (hauteur 1 m, 2 m du bord droit de la chaussée) et le point observé (hauteur 0 m sur l’axe de la chaussée au début de la partie circulaire du virage).
  • Pour s’arrêter: La visibilité sur obstacle
    C’est la visibilité nécessaire au conducteur (hauteur 1m, 2m du bord de la chaussée) pour percevoir et s’arrêter avant un obstacle fixe sur la chaussée. En fonction du type de route, il appartient au concepteur de déterminer la hauteur de l’obstacle à prendre en compte. Généralement c’est la hauteur du feu arrière le plus favorable d’un véhicule arrêté sur la chaussée qui est prise en compte (minimum réglementaire : 0,35m) mais pour des cas spécifiques tels que les zones à chute de pierres, cette hauteur peut être ramenée à 0,15m. Sur routes à deux fois deux voies dénivelées, dans la mesure où le risque principal porte sur la présence d’un véhicule arrêté sur la chaussée, l’ICTAAL[2] a retenu la hauteur des feux arrières des véhicules, et, à partir d’une étude spécifique [7] sur les véhicules circulant sur ce type de réseau a retenu une hauteur de 0,60 m au lieu des 0,35 m habituels.
  • Pour redémarrer à un carrefour ou d’un accès riverain: Exemple d’une carrefour plan (avec “STOP”):
  • Pour réaliser une manœuvre de sortie d’une voie à chaussée séparée avec échangeur: Pour les routes à chaussée séparées avec échanges dénivelés, l’usager qui désire quitter la voie principale doit pouvoir disposer d’une distance qui lui permette de percevoir et identifier la sortie, de décider de sa manœuvre, éventuellement se rabattre sur la file de droite et enfin déboîter à droite vers le biseau de sortie. Cette distance de manœuvre de sortie est définie comme la distance parcourue à vitesse constante V85 ( en m/s) pendant le temps nécessaire pour opérer, soit 6 secondes.
  • Pour dépasser en toute sécurité: la visibilité pour un dépassement
    Pour les routes bidirectionnelles, quel que soit le niveau de vitesse, une distance de 500m de visibilité permet généralement d’assurer des dépassements sûrs dans la majorité des cas (ARP [1]). Le point d’observation est situé à 1 m de hauteur sur l’axe de la chaussée et le point observé est situé à 1 m situé sur l’axe de la chaussée pour une 3 voies ou sur l’axe de la voie de sens inverse pour une 2 voies.
    Des dépassements peuvent être toutefois réalisés sur des tracés plus contraints avec des distances de visibilités inférieures mais ne peuvent être garantis en toute circonstance. Une manœuvre courante de dépassement dure de 11 à 12 secondes, et dans ce cas, la distance de visibilité nécessaire pour le dépassement peut être évaluée à dD (m) = 6 V (km/h). Pour les véhicules disposant d’une réserve de puissance plus importante, la durée du dépassement peut être ramenée à 7 à 8 secondes et donne une distance de visibilité minimale de dd (m) = 4 V ( km/h).

3- Distances de visibilité offertes par le tracé

Les distances sont évaluées en fonction des caractéristiques géométriques du tracé tant en profil en long, tracé en plan et profil en travers en tenant compte des masques latéraux (construction, boisements,..etc…).